Conseils d’accessibilité
Accessibilité… Voilà un mot qui génère des images de façon quasi instantanée. Qui d’entre nous n’a pas déjà désiré au magasin une marchandise placée sur la dernière tablette du haut, en dessous d’une pile d’autres marchandises? Sur la pointe des pieds et à bout de bras pour les plus grands, on tente de se procurer cette chose sans tout faire tomber par terre. Pour les moins grands, c’est la recherche d’un escabeau. Combien d’entre nous avons déjà dû renoncer à l’objet de notre convoitise dans un contexte semblable, en se résignant à aller voir ailleurs si cet objet pouvait être plus accessible?
Si l’inaccessibilité peut être frustrante concernant un objet de consommation, imaginez un peu le degré de frustration pour des choses drôlement plus importantes comme les déplacements, la communication, l’utilisation des infrastructures et… le savoir.
Sommaire
Un savoir à la portée de tous
Sur le campus, l’accessibilité n’est pas simplement une affaire d’obstacles physiques ou matériels. Car ce que nous offrons, de même que notre raison d’être comme communauté, c’est le savoir. Ce savoir, dispensé par la formation, constitue l’ingrédient essentiel du projet de vie de tous ceux qui fréquentent l’Université Laval. Dans notre société, tous ont droit à un projet de vie qui inclut l’acquisition de connaissances et d’habiletés professionnelles, indépendamment de l’utilisation ultérieure de ces acquis dans la pratique d’une profession.
La «rampe», c’est donc l’accès aux pavillons et aux salles de classe, mais également l’accès au savoir et à la connaissance, aux activités de formation et à la vie universitaire, cette dernière contribuant elle aussi au développement des étudiants. Si l’accès physique aux lieux est surtout l’affaire du Service des immeubles, l’accès au savoir, aux activités de formation et à la vie sociale sont l’affaire de tous, employés ainsi qu’étudiants.
De l’ouverture et de la souplesse
L’accessibilité, c’est l’acceptation des limites fonctionnelles de tous et la souplesse de s’y ajuster. C’est intégrer un étudiant ayant une déficience fonctionnelle dans son réseau de connaissances ou dans un travail d’équipe, en veillant à trouver des moyens pour que tous les membres puissent participer de façon égale aux discussions et aux décisions; c’est voir à ce que les activités organisées permettent la pleine participation de tous; c’est collaborer pour que le matériel didactique soit fourni dans une forme accessible et pour que les évaluations tiennent compte du handicap d’un étudiant, afin qu’il ne soit pas pénalisé en raison de sa déficience fonctionnelle; c’est modifier la façon de faire habituelle pour inclure les façons de faire de personnes différentes; c’est ajuster des exigences non essentielles au développement des habiletés propres à un domaine, etc. C’est surtout accepter de bonne grâce que les choses peuvent se passer un peu différemment de ce à quoi on est habitué.
Accessibilité aux sites Internet
Le pouvoir d’Internet tient à son universalité. L’accès pour tous, peu importe le handicap, en est un aspect essentiel.
Tim Berners-Lee, directeur et inventeur du W3C [traduction libre]
Internet offre toutes sortes de possibilités aux personnes ayant une déficience fonctionnelle: nouveaux moyens de communication, échange d’informations, etc., pourvu qu’elles puissent avoir accès à la technologie et à des outils adéquats. Toutefois, Internet présente également certains obstacles.
À l’instar d’un édifice, une page Web doit être conçue pour être accessible. Le W3C, Consortium mondial du réseau Internet qui a établi les normes d’usage du langage HTML (code utilisé pour la création d’une page Web), s’est d’ailleurs penché sur la question de l’accessibilité. Les dernières normes de codage HTML prévoient également que les pages Web soient accessibles au plus grand nombre d’utilisateurs possible. Le problème est que de nombreux concepteurs de pages Web ne tiennent pas compte de ces nouvelles normes.
Une personne aveugle ou à basse vision, par exemple, peut accéder à une page Web en utilisant un programme de lecteur d’écran (un logiciel qui lit à haute voix le texte affiché). Ainsi, au lieu de voir une page Web, elle l’entend. Afin de «voir» une page qui contient une image graphique représentant une idée, cette image doit être accompagnée d’un court texte explicatif (ou texte ALT). Sans le texte approprié, le contenu de l’image ne peut être communiqué à l’utilisateur. Et pourtant, nombreuses sont les pages Web qui négligent cet aspect de base.
Ce type de page devient non seulement inaccessible aux personnes ayant une déficience fonctionnelle, mais également aux personnes qui utilisent un cellulaire pour télécharger l’information ou celles qui ont une connexion Internet lente et qui ont désactivé la fonction graphique afin d’accroître la vitesse à laquelle elles peuvent naviguer sur Internet.
Autre exemple: les formats PDF ne sont généralement pas accessibles à une personne ayant une déficience visuelle nécessitant qu’un logiciel particulier lui lise les documents (la version 6.0 d’Acrobat Reader le permet, à condition que l’auteur du document autorise l’enregistrement). Ce type de logiciel fonctionne par contre très bien avec les documents en format traitement de texte (ex.: Word).
Pour une meilleur lisibilité des imprimés
INCA vient de publier un document intitulé «Pour une meilleure lisibilité», un cahier de normes de lisibilité des documents imprimés allant des magazines aux écrans d’ordinateurs. L’emploi de caractères universels plus lisibles jumelé à quelques modifications graphiques simples, engendre une autonomie, un accès, une sécurité et une qualité de vie accrue pour les personnes qui vivent avec une perte de vision (tiré du site de l’Institut National Canadien pour les Aveugles, division Québec).
Imaginons une société sans obstacle
En réglant les questions d’accessibilité, nous pourrons alors imaginer une société sans obstacle. Plusieurs régions ont déjà établi des normes et des pratiques claires. Le W3C a également établi des normes claires pour l’accessibilité à Internet. Le Code national du bâtiment fournit des exigences explicites pour concevoir un édifice sans obstacle. La Charte canadienne des droits et libertés garantit l’abolition de toute discrimination fondée sur les déficiences mentales ou physiques. L’Université Laval s’est aussi dotée d’une Politique institutionnelle de soutien aux étudiants et étudiantes en situation de handicap.
En fait, la vision d’une société sans obstacle englobe déjà toutes ces normes. Le plus grand défi reste à traduire cette vision en réalité et à faire en sorte que tous les membres de la société y adhèrent, à commencer par notre communauté.
Références