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L’épuisement étudiant

Les termes «burn-out» et «épuisement professionnel» sont bien connus. Des milieux de travail font de la prévention auprès de leurs employés. Des congés maladies sont octroyés pour épuisement professionnel, terme que les médecins n’hésitent plus à employer. L’étudiant n’est pas à l’abri de l’épuisement, qui n’est pourtant pas aussi facilement reconnu ni traité.

Comment l’épuisement survient

Parce que jeune et généralement en forme, on assume qu’un étudiant doit exceller et est capable de le faire à un niveau élevé et soutenu. On croit d’emblée que sa situation universitaire est plus facile que celle d’un travailleur parce qu’elle comporte moins de responsabilités. Tout étudiant a des obligations scolaires, financières et sociales. En plus de ses études à temps plein et d’un emploi souvent exigeant et peu rémunéré, son réseau social lui demande du temps ainsi que sa vie amoureuse. Son agenda est rempli et son horaire changeant, avec la nécessité fréquente de travailler le soir et les fins de semaine. En période de stress comme durant les examens, son équilibre est précaire et le temps disponible pour l’étude est rarement suffisant. Les heures accordées au sommeil sont réduites. Si des difficultés personnelles surviennent, couplées à la fatigue et à une mauvaise alimentation, l’épuisement peut arriver très vite. Ne pas se rendre compte de la dégradation de son état et s’acharner pour continuer à répondre à toutes les demandes fait partie de la maladie de l’épuisement. S’ensuit alors un cercle vicieux où l’étudiant insatisfait travaille de plus en plus fort. Son anxiété augmente, la qualité de sa performance diminue et ses échecs deviennent plus douloureux. Ainsi, plus ces symptômes sont intenses, plus son épuisement sera important et plus la période de récupération nécessaire sera longue.

Comment reconnaître l’épuisement

Quand une personne arrive au point où elle «tombe en panne» et ne peut plus bouger parce qu’elle est vidée et qu’elle a atteint un niveau de fatigue extrême, l’épuisement est facile à identifier. Cependant, il serait utile de savoir reconnaître les symptômes de l’épuisement pour éviter d’atteindre ce niveau de détresse. Comme ces symptômes s’installent graduellement et qu’ils changent en cours de route, leur identification n’est pas aisée. Une analogie avec les symptômes de la faim illustre bien leur progression. Si vous dînez habituellement à midi, vous aurez faim dans l’heure suivante si vous sautez un repas. Au début du jeûne, vous sentirez votre estomac vide qui gargouille. Puis, cette sensation fera graduellement place à des symptômes dérivés, comme un mal de tête, de l’impatience ou une baisse de votre capacité de concentration. Chez une personne épuisée, c’est un peu la même chose. Au tout début, vous sentez votre fatigue et votre besoin de repos. Si vous ignorez cet avertissement, il se transforme en un état général d’abattement qui constitue l’épuisement.

Les symptômes physiques

  • Fatigue: perception d’être vidé, «au bout du rouleau». Les efforts à déployer pour vous rendre au travail ou à l’université sont de plus en plus exigeants.
  • Sommeil perturbé: difficultés d’endormissement, incapacité à aller au lit et à y rester, sommeil non-réparateur, somnolence excessive.
  • Somatisation: maux de tête, troubles gastriques, douleurs aux membres ou aux articulations, système immunitaire affaibli et vulnérabilité aux virus. 

Les symptômes psychologiques

  • Consommation accrue de café ou d’alcool.
  • Tension et anxiété constantes
  • Facultés cognitives affaiblies: concentration, mémoire et capacité de raisonnement diminuées.
  • Ambivalence: prise de décision laborieuse, doute de soi et jugement miné.
  • Sensibilité exacerbée: irritabilité, colère, émotivité, tensions relationnelles.

Désespoir, découragement: pensées négatives telles que: «peu importe le temps que je vais y mettre, je n’y arriverai pas», «ce que je fais n’est jamais correct» ou «je n’en peux plus».

Connaître les facteurs favorisant l’épuisement

Les facteurs situationnels

  • La surcharge de travail et d’étude.
  • La mauvaise gestion du temps et des tâches, l’accumulation de retard.
  • Une vie sociale riche et active qui accapare une grande partie du temps et de l’énergie disponibles.
  • La maladie physique ou la maladie d’un proche.
  • L’isolement affectif crée un manque de support et d’encouragement, qui sont des besoins importants à combler.

Les facteurs personnels

  • Les personnes perfectionnistes ont souvent tendance à prendre en charge les travaux d’équipe et à s’impliquer de manière excessive, par manque de confiance envers les autres. Elles ont un grand besoin de reconnaissance et de gratification et se sentent rarement satisfaites.
  • Les personnes consciencieuses ont un grand besoin de se conformer aux exigences qu’elles perçoivent et ont souvent l’impression d’avoir à en faire plus que les autres. Idéalistes et déterminées, elles se valorisent exclusivement par leur réussite. Leur estime de soi est davantage basée sur leurs résultats et leur comparaison aux autres.
  • Les personnes dévouées ne demandent pas facilement d’aide. Elles ont tendance à s’oublier et à mettre leurs besoins de côté pour répondre à ceux des autres. Elles ont de la difficulté à dire «non» et à faire respecter leurs limites.

Comment éviter l’épuisement

La prévention

Garder la tête hors de l’eau, ce n’est pas assez. Dans une période intense où vous vous sentez au bord de l’épuisement, votre équilibre est précaire et vous disposez de peu de marge de manœuvre pour passer à travers cette phase exigeante. Cet état est à éviter. Idéalement, il faut prévoir l’imprévu et toujours vous garder une place, si petite soit-elle, pour du temps libre, du repos, des activités de détente sur lesquelles vous avez le contrôle. Par exemple, comme tout être humain doit manger, vous pouvez en profiter pour vous arrêter, vous changer les idées ou simplement savourer ce que vous mangez.

Choisir en fonction de ses valeurs

Lorsque vous êtes en situation d’épuisement, il devient utopique de vouloir atteindre tous vos objectifs. Il faut penser à faire des choix en considérant vos besoins physiques et émotifs, que vous devez combler par du repos. Une fois votre énergie revenue, les signes d’épuisement peuvent être perçus comme des signaux d’alarme. Ils indiquent que quelque chose doit changer dans votre fonctionnement. Entre autres, cela pourrait vous inciter à modifier certains idéaux irréalistes, à mieux gérer votre temps, à vous rendre compte lorsque vous avez trop d’activités et à faire des choix. Reconnaître et accepter ses limites est un signe de maturité et savoir dire «non» impose le respect.

Préserver un équilibre de vie

Quand une voiture tombe en panne d’essence, il n’est plus possible d’avancer sans faire le plein. Pour une personne épuisée, faire le plein signifie essentiellement se reposer. Le repos passe d’abord par un bon sommeil et une alimentation saine, mais aussi par le rire et les plaisirs simples. En fait, ces éléments sont fondamentaux non seulement en période d’épuisement, mais en tout temps, tout au long de votre vie. Vous pouvez dresser une liste d’activités agréables, développer votre sensibilité aux saveurs, aux sensations et aux beautés qui vous entourent. Donnez une place aux contacts avec vos ami.es et faites du sport: cela vous évitera de fusionner avec vos études ou avec votre travail. Être capable de garder une distance permet de prendre du recul lorsque nécessaire.

Un épuisement indique la pertinence de réorganiser votre emploi du temps et de réévaluer vos priorités et vos valeurs. Pour ce faire, vous pouvez prévoir des périodes de repos, identifier le moment de la journée où vous travaillez plus efficacement et élaborer un horaire plus équilibré et surtout plus réaliste. Vous pouvez trouver des modèles ou des points de comparaison accessibles, plus humains et moins parfaits. Identifiez d’autres critères que la réussite et l’excellence pour vous valoriser. Vous pouvez partager avec vos pairs, mais il ne sert à rien de prendre sur vos épaules les problèmes des autres. Parler de vos difficultés et de vos besoins vous aidera à mieux les assumer. Voir que d’autres personnes ont les mêmes difficultés vous permettra de moins vous dévaloriser. Enfin, vous donner le droit d’être lent ou fatiguée et vous accorder du temps libre en conséquence vous sera bénéfique toute votre vie!

Rédigé par: Marcel Bernier, psychologue

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