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Comment vivre avec l’éco-anxiété (et autres éco-émotions)

Le remède au désespoir n’est pas l’espoir, c’est la découverte de ce que nous voulons faire pour ce qui nous importe.
M. Wheatley

Notre façon de composer avec la crise socio-écologique peut influencer notre bien-être. Voici des stratégies pour retrouver l’équilibre entre action engagée et santé mentale.

Réguler ses éco-émotions

Nos émotions permettent de nous mobiliser pour mieux identifier nos besoins afin d’y répondre. Ainsi, les éco-émotions telles que la colère, l’indignation, l’impuissance, la culpabilité, la tristesse ou le découragement sont les réactions normales et saines d’un individu face à la destruction de ce qui lui tient à cœur.

Accueillez les émotions

La régulation émotionnelle est le processus par lequel nous pouvons apprendre à identifier, accueillir (ressentir et reconnaître) et prêter une attention à nos émotions, afin de se donner le droit de les vivre (elles sont valides et légitimes). Elles représentent une invitation à prendre conscience d’une difficulté et à prendre soin de soi. S’y attarder permettra de mieux en comprendre le sens afin de pouvoir se (re)mettre en mouvement.

Échangez avec d’autres

Ne pas s’isoler, entrer en contact avec des personnes qui partagent les mêmes idées et valeurs peut apporter du soutien et du réconfort, voire un sentiment de validation. En effet, le fait de pouvoir partager ses préoccupations, de se faire entendre et comprendre sont autant de façons de prendre soin de la détresse que peut faire vivre la situation entourant la crise socio-écologique.

Crédit photo: Dany Vachon

Exprimez-vous

Trouver des moyens d’expression (ex.: écriture, art) peut aussi apaiser. Les éco-émotions ont le potentiel d’être de puissants moteurs de changement, si elles ne nous submergent pas. L’important est de prendre le temps de se questionner sur ses valeurs et de faire des choix qui vont de pair avec celles-ci.

Consultez le texte Comprendre et réguler ses émotions pour trouver des stratégies complémentaires pour vous aider.

Agir sur mes éco-inquiétudes

S’inquiéter, c’est anticiper des événements négatifs futurs, dont la probabilité peut être plus ou moins élevée. Étant donné son étendue et sa complexité, son caractère diffus et insaisissable, la crise socio-écologique est susceptible de générer un flot d’inquiétudes, qui occasionnent un inconfort pouvant être difficile à maîtriser. Comment arriver à composer avec une menace sur laquelle l’individu à lui seul n’a strictement aucune emprise? Le défi et les enjeux sont de taille et exigent des changements collectifs et systémiques, d’où le sentiment d’impuissance qui peut en émerger.

Agissez sur le présent

Ruminer (tourner et retourner des pensées dans notre tête sans agir), paniquer (trop se centrer sur la menace), focaliser uniquement sur le problème (et se laisser envahir par lui) sont des pièges qui alimentent la détresse. Il peut être plus utile de tenter de ramener doucement notre attention sur les actions sur lesquelles nous avons du pouvoir, en ce moment, dans le présent. Par exemple, de quelle manière votre domaine d’études peut-il apporter une contribution?

Limitez les ruminations

Refuser de tout prendre sur nos épaules en trouvant des gestes et des défis à notre portée peut contribuer à une préoccupation plus saine. Lâcher-prise ne veut pas dire d’accepter la situation («C’est OK de polluer.»); il s’agit plutôt d’accepter le fait qu’on a accompli tout ce que l’on pouvait pour l’instant («J’en ai assez fait aujourd’hui et j’ai besoin de diriger mon attention sur autre chose.»).

Engagez-vous

S’engager à l’égard de la crise socio-écologique peut aider à canaliser nos inquiétudes dans des actions (ex.: s’impliquer dans un groupe communautaire ou une association, participer à des actions collectives positives, poser des gestes alignés avec nos valeurs), en contribuant à un sentiment d’appartenance et de solidarité. Vivre en cohérence avec nos propres valeurs et notre identité fait du bien à la santé mentale.

Enfin, il importe de prendre conscience de ce qui nous nourrit l’esprit. Par exemple, le fait de limiter l’exposition aux nouvelles et aux médias sociaux, d’apprendre à doser et à s’écouter lorsque l’anxiété est davantage présente sont des moyens qui peuvent vous aider. Bien choisir et diversifier ses sources d’information en les équilibrant avec des informations plus positives et constructives (ex.: regroupement, mouvements inspirants, solutions innovantes) permet de développer sa propre vision des choses par rapport à la situation et l’évolution de celle-ci. Les ressources gratuites de l’organisme Éco-Motion, d’Unpointcinq et de l’Atlas climatique du Canada en sont quelques exemples.

La réponse la plus adaptée est peut-être quelque chose comme le courage; cultiver un espoir éco-lucide, un optimisme nuancé, une espérance en mouvement, un horizon d’avenir qui a du sens.

Pour obtenir des stratégies complémentaires, consultez le texte sur la gestion des inquiétudes.

Prendre soin de soi

Écoutez vos limites

La crise environnementale peut parfois sembler plus importante que notre bien-être immédiat, et ainsi, nous amener à repousser ou ignorer nos limites. Un moteur alimenté à l’anxiété n’arrête jamais de tourner et finit par consumer toute l’énergie, et s’épuiser. La fatigue (tant physique que morale) peut s’installer sournoisement. Il y a donc un risque à se surengager. Il importe de rester à l’écoute de ce que cet engagement nous procure. Le but n’étant pas de s’essouffler, mais bien de re/trouver un certain pouvoir d’agir.

Adoptez le développement durable personnel

L’exposition à ces enjeux peut aussi contribuer à hausser le niveau d’exigence face à soi-même (se demander d’atteindre la perfection écologique), voire alimenter un sentiment de perte de sens et de découragement (éco-paralysie) ou de la culpabilité excessive.

Crédit photo: Dany Vachon

Appliquez le concept de «santé durable» à vous-même:

  • Comment prenez-vous soin de la ressource que vous êtes?
  • Mangez-vous sainement?
  • Dormez-vous suffisamment?
  • Prenez-vous le temps de faire des choses qui vous font du bien? De ralentir par moment? De cultiver votre connexion à vous-même et à la nature et de bénéficier de son pouvoir apaisant? De vous exposer à la beauté, de vous émerveiller… malgré tout?

Prendre soin de notre bien-être parallèlement à celui de la planète est primordial. Prioriser sa santé psychologique ne signifie aucunement amoindrir l’importance accordée à la cause. La complexité de la crise écologique nous confronte inévitablement à nos limites affectives. À cet égard, pratiquons l’auto-bienveillance.

Pour obtenir des stratégies complémentaires, consultez le texte sur l’épuisement.

Maintenir de saines relations

Échanger au sujet de la crise environnementale peut s’avérer être un sujet sensible, car fortement teinté par les valeurs et les croyances individuelles. Votre entourage n’a peut-être pas réfléchi longuement à la question, évite d’en parler, prétextant être « saturé » du sujet. Certaines personnes sont carrément dans le déni ou indifférentes, n’éprouvent peut-être que très peu d’émotion ou envisagent des solutions différentes de celles auxquelles vous adhérez afin de résoudre la crise. Si l’une de ces attitudes vous met dans tous vos états, cela peut envenimer certaines relations.

Écoutez et respectez

Votre état éco-émotionnel peut vous amener à vous fermer à la discussion ou à ruminer, à vous éloigner de certaines personnes ou à carrément vous isoler ou éviter les relations. Dans certains cas, il est possible et même souhaitable de prendre une distance. Si ces personnes sont des collègues, des membres de votre famille ou encore des relations amicales, cela peut être plus compliqué. Vous pouvez saisir une occasion d’apprendre à échanger sur des sujets délicats ou chargés émotionnellement, à désamorcer les tensions, à composer avec les différences, à rétablir ou à maintenir de bonnes relations malgré les divergences. Si le niveau de tension monte, il est souvent préférable de reporter la discussion à un autre moment, où vous serez dans un état d’activation moins intense.

Éduquez avec empathie

Vous pouvez aussi tenter de cerner ce qui est important pour cette personne et favoriser la prise de conscience. Faites valoir que la protection de l’environnement procure des bienfaits pour notre santé collective (ex.: des aménagements urbains plus verts diminuent les îlots de chaleur, ce qui est profitable pour la communauté).

Choisissez vos combats

Ce type de discussion peut rapidement devenir politique, économique ou même idéologique. Dans tous les cas, affirmez clairement l’intention poursuivie: exprimer les éco-émotions ressenties, se voir accorder le respect, sensibiliser, convaincre? Si la discussion tourne en rond, montrez que vous avez compris le point de vue exprimé par l’autre et faites la distinction entre comprendre ce que dit ou ressent l’autre et être d’accord avec son point de vue.

Pour obtenir des stratégies complémentaires, consultez le texte S’outiller pour mieux s’affirmer.

En conclusion

La crise socio-écologique nous confronte à un défi sans précédent. Notre meilleur atout demeure le développement de notre capacité de résilience: patience, curiosité, bienveillance, courage, force, etc. Il en va de même pour le maintien de saines relations avec les autres et notre communauté, et l’espoir d’être une source d’inspiration par nos actions, notre contribution!

Quelques citations inspirantes

Si tu penses que tu es trop petit pour faire la différence, essaie donc de dormir avec un moustique. Proverbe africain

En plus de vous demander ce que vous pouvez faire, demandez-vous aussi qui vous pouvez être. C. Baker

L’important n’est pas ce que nous attendons de la vie, mais ce que nous apportons à la vie. V. Frankl

Hier, j’étais intelligent et je voulais changer le monde. Aujourd’hui, je suis sage et je me change moi-même. Rumi, poète du 13ème s.


Références

Livres

  • Albrecht, G. (2011). Chronic environmental change and mental health: Emerging psychoterratic syndromes. Dans I. Weissbecker (Éd.), Climate change and human well-being: Global challenges and opportunities. New York, NY: Springer SBM.
  • Larouche, N. (2021). Écoanxiété : l’envers d’un déni. Montréal, QC: Éditions Multimondes.
  • Mayrand, K. (2022). Lettre à un.e jeune écologiste. Montréal, QC: Kata Éditeur.
  • Servigne, P., Stevens, R., & Gauthier, C. (2023). Une autre fin du monde est possible: Vivre l’effondrement (et pas seulement y survivre). Paris, France: Seuil.
  • St-Jean, K. (2020). Apprivoiser l’écoanxiété et faire de ses écoémotions un moteur de changement. Montréal, QC: Éditions de l’Homme.
  • Van Kessel, C. (2020). Teaching the climate crisis: Existential considerations. Journal of Curriculum Studies Research, 2, 129-145.

Articles en ligne

Ressources numériques

Rédigé par Véronique Mimeault et Zoé Bigras-Généreux.

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